Le 11 décembre, le président Donald Trump signera un décret visant à considérer le judaïsme comme une nationalité et pas seulement comme une religion. Cette décision permettra, selon l’administration Trump, de lutter contre ce qu’elle perçoit comme de l’antisémitisme sur les campus universitaires, a déclaré un responsable de la Maison-Blanche.
C’est le New York Times qui, le premier, a parlé de cette signature imminente.
Ce décret ouvrirait la voie à de nouvelles mesures pour lutter contre les sentiments anti-israéliens et les mouvements de désinvestissement qui agitent les campus universitaires en exigeant des universités qu’elles traitent ces manifestations comme des expressions discriminatoires si elles veulent conserver leur financement.
La signature de Donald Trump déclencherait l’application d’une partie de la Loi fédérale de 1964 sur les droits civils qui exige que les établissements d’enseignement qui reçoivent un financement fédéral ne pratiquent pas de discrimination fondée sur l’origine nationale. Le ministère de l’Éducation peut refuser le financement fédéral à tout établissement ou programme éducatif qui discrimine en fonction de la race, de la couleur ou de l’origine nationale.
La religion n’est pas incluse dans cette partie de la loi de sorte que l’administration devrait interpréter le judaïsme comme une nationalité afin de punir potentiellement les universités pour les violations. Jared Kushner, le gendre du président et un conseiller principal de la Maison Blanche, auraient fait pression pour ce changement.
La définition de l’antisémitisme sera adoptée par le Département d’État, conformément à celle formulée à l’origine par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), ont indiqué les hauts responsables de l’administration.
Ce décret est signé quelques jours après que plusieurs groupes juifs ont critiqué Trump sur un discours qu’il a prononcé devant une organisation israélo-américaine. Il a été accusé d’utiliser des stéréotypes antisémites. S’exprimant lors du Sommet national du Conseil israélo-américain en Floride, le président avait suggéré que beaucoup de participants à l’événement sont riches et dans l’immobilier, et que leur fortune guidera leurs votes lors de la prochaine élection présidentielle de 2020.
« Beaucoup d’entre vous sont dans l’immobilier parce que je vous connais très bien. Vous êtes des tueurs brutaux, pas des gens gentils du tout. Mais vous devez voter pour moi, vous n’avez pas le choix », a-t-il dit.
Il a également réprimandé certains Américains juifs qui n’aimeraient pas « assez » Israël.
Pendant la campagne électorale de 2016, le candidat Trump s’était attiré les mêmes condamnations quand il avait lancé à un groupe de républicains juifs : « Vous n’allez pas me soutenir parce que je ne veux pas votre argent. »
Et alors que les États-Unis appelaient traditionnellement à une solution à deux États au conflit israélo-palestinien, Trump a exprimé publiquement des positions plus flexibles et a apporté son soutien au Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou.
Le mois dernier, l’administration Trump a annoncé un renversement majeur de la politique américaine en rejetant un avis juridique du département d’État de 1978 qui jugeait les colonies « incompatibles avec le droit international ».
Cette annonce, qui rompt avec le droit international et le consensus, est la dernière d’une série de mouvements pro-israéliens qui risquent d’attiser les tensions entre l’administration Trump et les Palestiniens.
Un revirement en revanche salué par Nétanyahou, qui fait face à une possible mise en accusation pénale dans trois enquêtes de corruption, tout en luttant pour rester le leader d’Israël après un scrutin non concluant.
Traduction de l’anglais (original) par Jean-Luc Touboulie de l’AFPS Rouen.